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Super League : la réalité économique ne suit pas !

Servette-YB 4.1 (31 août 2003)

Les éliminations successives pour motifs économiques de Lugano, Sion, Lausanne et finalement Servette et les efforts qu’ils font pour revenir au plus haut niveau national plaideraient en faveur d’une extension du nombre de clubs au sein de l’élite. Est-ce réellement justifié ? L’est-ce plus que le projet de création d’une ligue professionnelle fermée à 10 soutenue par Bâle et Young-Boys ce printemps ?

La question est récurrente et reviens périodiquement dans les pages sportives des magazines. Presque unanimement, l’extension à 14 ou 16 équipes est réclamée de ce côté-ci de la Sarine par les dirigeants ou les entraîneurs.

Exception faite de Thoune qui représente une région somme toute oubliée depuis fort longtemps, qui aurait pu imaginer après deux décennies d’une formule Rumo décriée que des clubs au potentiel limité comme Yverdon ou Shaffouse remplaceraient des équipes au passé glorieux au sein de l’élite.

Les points principaux qui devraient être pris considérés sont :

- une représentation nationale

Aujourd’hui, le bassin genevois "étendu" peut être évalué à environ 500’000 personnes. A peu près le même chiffre peut être avancé pour la grande région lausannoise. C’est donc pratiquement un million de personnes qui n’est pas représenté au sein de l’élite.

Géographiquement, la limite sud est fixée par Thoune et Yverdon ; cela signifie que le tiers sud du pays est abandonné.

- une logique en rapport avec l’économie du pays

Pour un pays de 7 millions d’habitants, il semble utopique de croire que l’on peut faire vivre une ligue pro de 10 équipes. Se limiter à quelques équipes phares professionnelles capables de rivaliser avec les seconds couteaux européens et réussir de temps à autre un exploit contre un des ténors du G14 semble bien plus raisonnable. Pour ces équipes pro, il serait également souhaitable qu’elles puissent souffler un peu de temps en temps en rencontrant des équipes de seconde zone. Ne pas avoir le couteau sous la gorge de peur d’être relégué lors d’une année "sans" n’est pas forcément facile dans un championnat à 10.

-attirer les médias et particulièrement la télévision

C’est aujourd’hui le maillon faible du football suisse par rapport à ses voisins européens. En France, les 600 millions d’euros versé annuellement par Canal + permettent à tous les clubs de D1 d’avoir un budget supérieur au FC Bâle soutenu par Gigi Oeri. En D2, Créteil pour citer un autre exemple a, avec 6 millions d’Euros, le plus petit budget de la deuxième division !!

- privilégier l’équipe nationale et son renouvellement

Aujourd’hui, les meilleurs joueurs suisses s’en vont de plus en plus jeunes à l’étranger ; certains n’ont même pas connu, ou si peu, le championnat suisse à l’image de Senderos. Est-ce vraiment la meilleure chose à faire pour tous ces jeunes ? Un championnat attractif pourrait retarder cette échéance et permettre à certains de se développer dans le cadre d’un championnat national de bon niveau.

- une organisation cohérente

Combien de matches, à quelle fréquence, à quelle heure, à quelles saisons ? Toutes ces questions doivent être bien entendu étudiée en tenant compte des particularités nationales, de la concurrence du hockey, du ski et des échéances européennes des clubs et de la Nati (bien que la plupart des ses membres évoluent aujourd’hui à l’étranger).

C’est pour toutes ces raisons qu’une formule à 14 ou à 16 , avec quelques équipes phares, semble la plus cohérente aujourd’hui pour notre pays.